Eventrés, éclatés, démembrés, les corps de Brian Evenson sont ramenés à leur matérialité la plus élémentaire. Au fil de ses nouvelles et romans l'auteur met en scène des corps mutilés à l'extrême qui dans leurs contorsions douloureuses rappellent d'autres corps, ceux de Francis Bacon, des corps obscènes et abjects réduits à l'état de chair informe.
Ces corps qui portent les stigmates des ravages du mormonisme viennent critiquer de façon acerbe les dérives du fanatisme religieux. Plongés au cœur d'élucubrations mystiques, les personnages qui traversent la fiction d'Evenson viennent litéraliser les écritures saintes, dont le corps se fait le support privilégié. Cette empreinte dans le corps du discours religieux constitue l'un des tenants esthético-moraux saillants de la production complexe et protéiforme de Brian Evenson. Ces corps ainsi anéantis, vidés de toute transcendance se font les oracles muets de l'asignifiance du monde. Ils mettent en cause un rapport particulier entre le monde et sa représentation par le langage qui semble se faire sur le mode de la déchirure. On pourrait parler de langage de la cruauté pour qualifier cet usage unique et inquiétant des mots qui viennent blesser les corps et empoisonner l'intélligibilité du réel.
Si la notion de corps constitue un point nodal de l'oeuvre d'Evenson, elle ne forme qu'un point d'entrée non exclusif dans cette production étrange et violente. Les propositions de communication pourront entre autres se concentrer sur les questions suivantes :
-Le rapport du religieux au corps
-Le traitement du grotesque, de l'humour noir et de l'absurde
-Le gothique et les limites du genre
-Le traitement de l'obscène et de l'abject
-Les notions de violence et de cruauté
-Le post-humain
-Le corps comme support de l'écriture
-La dimension «affective » de l'oeuvre d'Evenson
-Les états du corps et les états du texte
-Les problèmes liés à la catégorisation littéraire de l'oeuvre d'Evenson
-La traduction de l'oeuvre d'Evenson comme corps résistant
Merci d’envoyer vos propositions de communications (titre + résumé de 250-300 mots en anglais ou en français) avant le 20 novembre 2014 à :
Sylvie Bauer sylvie.bauer@uhb.fr,
Nawelle Lechevalier-Bekadar nawelle.lechevalier.bekadar@gmail.com,
Florian Tréguer florian.treguer@uhb.fr